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traitée avec tout le soin et toute l’affection possible… Pourquoi, en vérité, me détournerais-je du seul chemin véritable au moment de ma mort ?… Peut-être n’est-il guère convenable de songer à des questions mondaines à un pareil moment. Mais je n’ai plus qu’une seule requête à vous faire, — plus qu’une seule ! Appelez-moi la Demoiselle Yukiko. Vous savez que je l’aime comme une sœur. Je désire lui parler des affaires du ménage.

La demoiselle Yukiko obéit à l’appel de son seigneur, et, sur un signe de lui, elle s’agenouilla auprès de la couche de la mourante. La femme du daimyô ouvrit les yeux ; elle regarda Yukiko et dit :

— Ah ! voici Yukiko ! Je suis si contente de vous voir ! Approchez un peu, afin de bien m’entendre, je ne puis parler très haut… Yukiko, je vais mourir. J’espère que vous serez, en toutes choses, fidèle à notre seigneur ; je veux que vous preniez ma place après ma mort. J’espère qu’il vous aimera toujours, et cent fois plus qu’il ne m’a jamais aimée, et que vous serez bientôt promue à un rang