Page:Hearn - Au Japon spectral, 1929.pdf/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lement serait-il un traître envers les traditions de son art ; mais il condamnerait du même coup l’objet qu’il poursuit. De la même façon, un poète serait perdu s’il essayait d’atteindre une expression complète dans un poème très court ; son objet devrait se borner à stimuler l’imagination sans la satisfaire. Ainsi le terme ittakkiri signifiant « tout à fait parti », « entièrement disparu » dans le sens de « fini », s’applique-t-il avec mépris aux vers dans lesquels le poète a exprimé sa pensée tout entière. Mais l’on ne ménage pas les louanges aux compositions qui laissent dans l’esprit le frisson de l’inexprimé. Pareil au tintement unique d’une cloche de temple, le poème court, pour être parfait, doit déclencher dans l’esprit de l’auditeur d’infinies vibrations spectrales d’une longue durée.