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possible, et écrivez, en tant qu’exercice moral, quelques lignes de vers sobres et élégants. Donc, dans l’ancien temps toutes les formes de malheur étaient parées d’un poème. Le chagrin, la séparation, le désastre suscitaient des vers au lieu de plaintes. La dame qui préférait la mort à la perte de son honneur composait un poème avant de se percer la gorge. Le samouraï condamné à mourir par sa propre main écrivait un poème avant d’accomplir hara-kiri. Et même à cette époque beaucoup moins romanesque du Meiji, les jeunes gens qui ont résolu de se suicider ont l’habitude d’écrire quelques vers avant de quitter ce bas monde. Et c’est encore la coutume d’écrire un poème en temps de malheur. J’ai souvent lu des poèmes écrits dans les circonstances les plus tragiques de la misère et de la souffrance, — oui, même sur un lit de mort. Et si les vers ne révèlent pas un talent transcendant, ils montrent du moins une extraordinaire maîtrise de soi sous l’empire de la douleur… Et assurément le fait de la composition, en tant qu’entraînement éthique, présente un