Page:Hearn - Au Japon spectral, 1929.pdf/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

I

Nous supposerions volontiers que l’idéal ordinaire de la vie serait très noble chez un peuple pour qui la poésie a été, depuis des siècles, la façon universelle d’exprimer toute émotion. Et même si les classes supérieures d’un tel peuple ne se comparent qu’assez médiocrement à celles d’autres nations, nous ne saurions douter que ses classes inférieures ne soient très en avance moralement et autrement sur les nôtres. Et les Japonais nous présentent en effet actuellement un phénomène de ce genre.

Au Japon, la poésie est aussi répandue que l’air. Tout le monde la ressent. Tout le monde la lit. Et tout le monde la compose, quelle que soit la classe ou la condition de l’aspirant poète. Et elle n’est pas répandue ainsi seulement dans l’atmosphère mentale ; l’oreille