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Et un des garçons lui répondit :

— Nous voulons le tuer afin de nous emparer de ses plumes.

Très ému, le prêtre persuada aux gamins de lui laisser le vautour en échange d’un éventail qu’il portait. Et il relâcha aussitôt l’oiseau qui, n’ayant pas été très sérieusement blessé, put s’envoler.

Le prêtre reprit sa promenade, heureux d’avoir pu accomplir cet acte de mérite bouddhique. À peine avait-il parcouru quelques mètres qu’il vit un moine inconnu sortir d’un bosquet de bambous qui longeait la route et se hâter vers lui. Le moine le salua très respectueusement et lui dit :

— Seigneur, grâce à votre compatissante bonté, vous m’avez sauvé la vie ; et je désire maintenant vous exprimer ma gratitude comme il sied.

Très étonné de s’entendre adresser ainsi, le prêtre répondit :

— Vraiment, je ne me rappelle pas vous avoir jamais vu auparavant. Dites-moi, je vous prie, qui vous êtes.