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48. — Kori wo chiribamé ; midzu ni égaku.
Plaquer de la glace ; et peindre sur l’eau[1].
49. —

Korokoro to
Naku wa yamada no
Hototogisu,
Chichi nitéya aran,
Haba nitéya aran[2].

Je sais que l’oiseau qui chante korokoro dans cette rizière montagnarde est un hototogisu ; pourtant il fut peut-être mon père, ou bien il a pu être ma mère.
50. — Ko wa Sangai no kubikase.
Un enfant est une cangue pendant les trois États de l’Existence[3].

    transitoire, fugitif, comme dans la locution bouddhiste ordinaire Kono yo kari no yo : « Ce monde est un monde fugitif ». Car pour le Bouddhiste, le Ciel et l’Enfer ne représentent que des haltes au cours du voyage vers le Nirvâna.

  1. Se rapporte à la vanité de tout effort égoïste dans un but purement temporaire.
  2. Ce proverbe en vers est cité dans l’ouvrage bouddhiste intitulé Wojo Yoshu avec la remarque suivante : « Qui peut dire si l’animal des champs, ou le bosquet des montagnes, n’a pas été son père ou sa mère dans une existence passée ? » Le hototogisu est une espèce de coucou.
  3. L’amour des parents pour leur enfant peut entraver leur progrès spirituel, non seulement dans ce monde-ci, mais à travers tous leurs états d’existence futurs, de même qu’une kubikasé, ou cangue japonaise, entrave les mouvements de la personne sur laquelle elle est placée. L’affection des parents pour leurs enfants est la plus forte des affections terrestres, et tend tout particulièrement à entraîner ceux qu’elle domine à commettre de mauvaises actions dans l’espoir d’en faire bénéficier leurs rejetons. Le terme Sangai signifie ici les trois mondes du Désir, de la Forme et de la Non-Forme, tous les états d’existence infé-