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atténuées : ils sont certainement incapables de prier. Mais s’ils pouvaient prier, ils ne pourraient rien demander de plus que ce qu’ils reçoivent déjà des mains de l’adolescent préposé à leurs soins. Il est leur providence, dieu de l’existence duquel ils ne se rendent compte que de la façon la plus vague possible, mais il est précisément le dieu qu’il leur faut. Et nous nous considérerions sottement très fortunés d’être aussi bien soignés en proportion de nos nécessités plus complexes. Nos formes de prières ordinaires ne prouvent-elles pas notre désir de provoquer une attention similaire ? En affirmant notre « besoin d’amour divin », ne confessons-nous pas involontairement que nous souhaitons être traités comme des vers à soie, et vivre sans douleur grâce à l’aide des dieux ? Et pourtant, si les dieux nous traitaient comme nous le souhaitons, nous donnerions beaucoup de preuves nouvelles, — à la façon de ce qui s’appelle preuve par dégénération, — que la grande loi de l’évolution est bien au-dessus des dieux.