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feuilles de mûrier. En approchant de la maturité, elles exigent une attention constante. Un expert examine les plateaux à de brefs intervalles, ramasse les plus grosses chenilles et décide, en les roulant doucement entre le pouce et l’index, lesquelles sont prêtes à filer. On les laisse ensuite tomber dans des boîtes couvertes où elles s’empressent de disparaître de la vue sous un enroulement de soie blanche. On ne permet qu’à quelques-unes d’émerger de leur sommeil soyeux ; ce sont les reproductrices sélectionnées. Elles ont de belles ailes, mais ne peuvent pas voler. Elles ont des bouches, mais ne peuvent manger. Elles s’accouplent, pondent des œufs et meurent. Depuis des milliers d’années, leur race a été si bien soignée qu’elle est devenue incapable d’aucun effort.

Ce fut la leçon d’évolution contenue dans ce dernier fait qui me préoccupa surtout, tandis que Niimi et son jeune frère (qui nourrit les vers à soie) m’initiaient aux méthodes de l’industrie. Ils me racontèrent des choses curieuses au sujet de races différentes, et