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III




La première est de ne pas nous faire concurrence à nous-mêmes.

La mode a créé des langues artificielles, que ni leur laideur barbare, ni leur ridicule n’ont réussi à discréditer tout à fait. Il est touchant de voir les soins qu’on prodigue pour donner à ces mortes quelque vitalité. Il est plaisant de voir les initiateurs prendre des airs de prêtres et de pontifes, et d’entendre leurs discours, où ils savent allier tant de lyrisme à tant de raison. Il est plaisant de voir les initiés arborer des insignes qui, après tout, peuvent encore passer pour des décorations. Ils tiennent des réunions à grand fracas pour montrer au monde qu’ils sont capables de parler ensemble du temps qu’il fait. Ils proclament qu’ils couvrent toute la terre ; et quand ils se comptent,