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d’écouter tous nos discours, sans critique et sans choix. De même le Portugal, qui a voulu que son histoire recommençât la nôtre. De même la Roumanie. Les Slaves n’ont pas suffisamment perfectionné leur culture pour se passer de nous ; ils nous préfèrent délibérément à l’Allemagne ; et nous pouvons croire leur témoignage quand ils nous disent qu’ils se considèrent eux-mêmes comme une province de notre empire intellectuel. Quand les Anglo-Saxons consentent à parler une autre langue que la leur, c’est la nôtre. On est même étonné de voir jusqu’à quel point, malgré leur réputation de ne s’intéresser point aux choses du continent, ils lisent nos auteurs, connaissent le détail de notre littérature, et aiment le français. Les Germains, les Germains eux-mêmes ont beau mépriser les Welches dégénérés ; ils subissent l’ascendant de leur esprit ; ils lisent leurs œuvres, de préférence les mauvaises ; ils ne peuvent pas s’empêcher de considérer la connaissance de leur langue comme un brevet d’aristocratie, et ils l’apprennent pour paraître distingués.

C’est un fait qu’hors de l’Europe, notre langue possède des points d’attache, d’où