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les idées ; et que quiconque veut vivre avec son époque doit avoir recours au français. Et il disait encore : « Aujourd’hui, une langue commune est devenue nécessaire, la française. D’après la marche présente de la société, on peut dire qu’elle ne perdra plus jamais son universalité, même si l’influence politique ou littéraire, civile ou morale de la nation venait à cesser. Vraiment, si la nature même ne s’y opposait, il arriverait peu à peu que tout le monde parlerait le français tous les jours, et que l’enfant l’apprendrait comme langue maternelle ; et on verrait réalisé le rêve d’une langue universelle ».

Prenons garde cependant. Toutes les psychologies seraient vaines et tous les raisonnements seraient faux, qui se trouveraient en contradiction avec la réalité. On aurait beau affirmer que la langue française est de toutes la plus moderne, si l’expérience montrait qu’elle décroît ; et il y aurait quelque ridicule à analyser les motifs qui nous permettent de garder notre clientèle, si notre clientèle nous tournait le dos. Il importe de fournir, avec des arguments, des faits. Or, les faits nous donnent raison.