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dit-il en parlant de l’Allemagne, « cette grande nation dont l’enthousiasme a si puissamment contribué à la délivrance de l’Europe, compte dans son sein des poètes, des écrivains et des savants dans tous les genres ; elle voit refleurir pour elle, dans le présent, ce siècle classique que la France cherche dans les souvenirs du passé. Comment pourrait-on s’attendre à voir encore une grande nation, au faîte d’une gloire aussi pure, consentir à redevenir l’humble vassale des mœurs, des idées, d’une langue étrangère ? » Les ambitions que Napoléon manifestait en matière de langue ont contribué plus qu’on ne pense à sa défaite. « Le tyran de la France flattait la vanité nationale par l’injuste, l’affreuse perspective d’une langue universelle ! » Qu’elle se garde surtout de retomber dans la même faute ; la renonciation à son hégémonie est la condition de la paix. « Pour oublier des souffrances dont la France n’a pas même l’idée, que demande l’Allemagne ? Du respect pour son caractère et son génie national. »

Du respect pour les caractères et les génies nationaux : voilà prononcée la formule définitive. 1799 étant la première