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plus grandes spéculations de la politique », celle-là doit inspirer l’orgueil de sa prééminence. « Cette race de brigands qu’on nomme rois et princes rend hommage à notre langue ; ils l’ont introduite dans leurs cours ; les cours passeront, les peuples resteront ; à leur tour, ils honoreront notre langue en adoptant nos principes ; déjà chez plusieurs elle est usitée… » Ainsi parle l’orateur républicain à la Convention ; et l’assemblée déclare qu’il appartient au français, « qui depuis quatre ans se fait lire par tous les peuples, qui décrit à toute l’Europe la valeur de quatorze armées », de devenir universel. Tout nous sert alors, et jusqu’aux ennemis ou aux victimes mêmes de la Révolution : s’il est vrai que les émigrés se refusent à parler l’allemand en Allemagne ; s’il est vrai que dans une petite ville du Suffolk, à Bungay, les habitants se montrent du doigt, au passage, un professeur de français qui s’appelle le vicomte de Chateaubriand.

Ainsi, en peu d’années, notre hégémonie semble s’étendre au loin. Pourtant, l’effet durable de la Révolution est de la ruiner dans son principe même, en établissant ou