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Poser ainsi la question, ce n’est pas esquiver les problèmes que soulève en France l’heure présente ; car il y a des rapports nécessaires entre l’extension d’une langue et son état intérieur. Mais ce sera les traiter, peut-être, plus largement, comme il convient à un débat que l’étranger écoute : sans les dénigrements systématiques qui décèleraient des âmes aigries ; sans éloges excessifs, dernière et vaine ressource des peuples vaincus.

Pour notre part, nous estimons que la langue française n’a point perdu sa place privilégiée. Sans doute, elle a subi le sort commun à toutes les dominations : elle s’est transformée : mais pour durer plus sûrement. C’est l’histoire de cette domination que nous voudrions suivre. Nous voudrions montrer de quels éléments caducs elle a dû se débarrasser ; de quels éléments nouveaux elle s’est renforcée ; quelles conditions enfin réclame son avenir.