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plus d’une fois tous les cent ans. Quant au géant, sa taille colossale pouvait facilement s’apercevoir, mais le plus sûr était de se tenir à une grande distance.

Si le peuple des Pygmées produisait par hasard un individu de six ou huit pouces, on le considérait comme un homme d’une taille prodigieuse. Ce devait être un spectacle des plus intéressants de voir leurs petites villes, avec des rues de deux ou trois pieds de large, pavées des cailloux les plus menus, et bordées d’habitations à peu près grandes comme des cages d’écureuils. Le palais des rois atteignait la proportion surprenante de la boîte à poupées de Pervenche, et s’élevait au milieu d’une place spacieuse que notre tapis de cheminée aurait eu de la peine à couvrir entièrement. Leur temple principal, ou leur cathédrale (comme on voudra l’appeler), avait autant d’élévation que cette commode, et passait pour un édifice d’une magnificence incomparable. Les matériaux employés à toutes ces constructions ne consistaient ni en pierres ni en bois. Elles étaient proprement mastiquées par les ouvriers de ce peuple en miniature, à peu près comme des nids d’oiseaux, avec des fragments de paille, des plumes, des coquilles d’œufs et autres matières du même genre, réunies par de la terre glaise en guise de mortier ; et, après avoir été séchées au soleil, ces maisons semblaient aussi élégantes et aussi confortables qu’un Pygmée pût le désirer.