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— Est-ce que c’est un géant, ou une grande figure de métal ?

— Quant à cela, répliqua le maître, c’est ce qui m’a toujours intrigué. Quelques personnes assurent que ce Talus a été fabriqué pour le roi Minos par Vulcain lui-même, qui est, comme vous savez, le plus habile des forgerons. Mais qui a jamais pu voir une statue de bronze capable de faire d’elle-même trois fois par jour le tour d’une île ? C’est pourtant ce que fait le géant de l’île de Crète, défiant et menaçant chaque vaisseau qui s’apprête à aborder. D’un autre côté, quel être vivant, à moins d’avoir des nerfs d’airain, ne se fatiguerait d’une marche de dix-huit cents milles en vingt-quatre heures ? Talus accomplit chaque jour ce trajet, sans jamais prendre un instant de repos ! »

Le navire avançait toujours pendant qu’ils causaient ainsi. Thésée put alors entendre le retentissement des pas du géant sur les rochers battus par les vagues, et qui, par moments, se brisaient sous le choc, en mêlant leurs fragments écrasés à l’écume de la mer. Quand les voyageurs arrivèrent à l’entrée du port, le colosse fit une enjambée, en posant fermement chacun de ses pieds sur une éminence ; puis, levant sa massue à une telle hauteur que l’extrémité s’en perdait au milieu des nuages, il se tint dans cette inquiétante position, tout resplendissant sous les rayons du soleil qui faisaient reluire sa surface mé-