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rechef quelques mots à l’oreille du roi, et, par son pouvoir magique, fait naître dans le cœur de ce prince une impression toute contraire.

Il se décida donc à faire boire à Thésée le vin empoisonné.

« Jeune homme, dit-il, sois le bienvenu ! Je suis fier de donner l’hospitalité à un héros tel que toi. Accepte cette coupe remplie, comme tu le vois, d’un vin délicieux. Je n’accorde cette faveur qu’à ceux que j’en juge dignes ; et personne mieux que toi ne mérite un tel honneur. »

En disant ces mots, le roi Égée prit la coupe d’or posée sur la table et la présenta à Thésée ; mais, soit qu’il tremblât de faiblesse, soit qu’il s’émût à l’idée de sacrifier la vie d’un inconnu, peut-être innocent, soit que, malgré la cruauté de cette action, son cœur fût meilleur que sa volonté, soit toutes ces raisons ensemble, sa main renversa une grande partie du liquide. Afin de fortifier la résolution du monarque, et craignant que le précieux poison ne fût entièrement perdu, un de ses neveux s’approcha de lui et lui dit :

« Votre Majesté doute-t-elle des intentions criminelles de cet étranger ? Le glaive même qui doit vous arracher la vie brille à son côté. Ne voyez-vous pas comme cette arme est tranchante et terrible ? Ne perdez pas un instant ; il faut qu’il boive sans retard, ou il va accomplir son fatal dessein. »