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taines de pieds en l’air, les deux fils ailés de l’Aquilon, qui folâtraient dans l’espace à la clarté de la lune. Jason leur fit signe de voler vers les Argonautes, car il fallait se préparer à lever l’ancre dans le plus bref délai. Mais Lyncée, avec sa vue que rien n’interceptait, avait assisté de loin à tout ce qui venait de se passer. Plusieurs murailles de pierre, une colline, les ombrages obscurs du bois consacré à Mars, se trouvaient cependant entre lui et la personne du triomphateur. Il avertit aussitôt ses camarades. À cette importante nouvelle, les héros accourus sur la galère s’étaient assis chacun à leur poste, tenant les rames dans une position perpendiculaire, prêts, au premier commandement, à les abaisser sur les flots.

Quand le glorieux chef de l’expédition se trouva à sa portée, la statue parlante l’appela avec un empressement inusité, mais toujours de sa voix douce et grave :

« Hâte-toi, prince Jason ! Il y va de tes jours. Hâte-toi ! »

D’un bond le héros sauta sur le pont de l’Argo. À la vue de la radieuse Toison d’or, les quarante-neuf illustres navigateurs poussèrent des acclamations d’enthousiasme

Orphée saisit sa lyre, et, plus inspiré que jamais, fit entendre un magnifique chant de triomphe.