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boucliers en les frappant les uns contre les autres. Puis ils commencèrent à pousser des cris sauvages :

« Montrez-nous l’ennemi ! Qu’on nous mène au combat ! La charge ! la charge ! La mort ou la victoire ! En avant, camarades ! Vaincre ou mourir ! » Et une foule de semblables vociférations vides de sens, telles qu’en poussent ordinairement ceux qui se trouvent, sans savoir pourquoi, sur un champ de bataille. À la fin, le premier rang de la troupe découvrit Jason, qui, en face de tant d’armes dégainées et étincelantes, avait cru sage de se mettre sur ses gardes et de tirer son glaive. En un moment il fut désigné comme l’ennemi à combattre ; et, criant d’une seule voix : « Défendons la Toison d’or ! » les guerriers fondirent sur lui le fer au poing, et la lance en arrêt. Jason, convaincu qu’il lui était impossible de résister à un bataillon aussi acharné, et n’espérant aucune chance de salut, résolut au moins de vendre chèrement sa vie et de mourir aussi vaillamment que s’il devait le jour à une dent de dragon.

Médée lui dit alors de ramasser une pierre dans le champ.

« Vite, jette-la au milieu de leurs rangs, cria-t-elle. C’est le seul moyen de salut qui te reste ! » Les forcenés se trouvaient alors si rapprochés, que Jason distinguait clairement le feu de leurs regards. Il lance sa pierre, qui va tomber sur le cas-