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rée à recevoir la semence des dents de dragon. L’agriculteur improvisé les répandit à la volée, les enterra ensuite au moyen de la herse, et se retira à l’extrémité du champ, impatient d’assister à ce qui allait se passer.

« Devons-nous attendre longtemps pour la récolte ? demanda-t-il à Médée qui se tenait à ses côtés. — Tôt ou tard, le moment ne peut manquer d’arriver. Quand les dents de dragon ont été semées, une récolte d’hommes armés ne fait jamais défaut. »

La lune était parvenue au point le plus élevé du sol, et répandait ses rayons sur le sol fraîchement labouré ; mais rien n’était encore visible. Le premier fermier venu, en le considérant, aurait affirmé qu’il fallait attendre plusieurs semaines avant que la végétation commençât à poindre hors du sol, et des mois entiers avant que le grain fût assez mûr pour tomber sous la faucille. Sur ces entrefaites, on vit sortir de terre une multitude de petits objets qui brillaient au clair de lune comme des gouttes de rosée. Puis le champ se couvrit de fers de lances dont l’extrémité s’allongeait à vue d’œil. Enfin, ce fut une apparition générale de casques polis et étincelants ; et sous ces casques autant de figures barbues de guerriers qui, en se faisant jour, s’efforçaient de se dégager de leur prison ter-