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jusqu’aux prairies royales où étaient gardés les deux taureaux. La nuit resplendissait d’étoiles. Du côté de l’orient, une teinte lumineuse à l’horizon annonçait que la lune était sur le point de se montrer. Une fois entrée dans le pâturage, la princesse s’arrêta et regarda autour d’elle.

« Les voici, dit-il, couchés là-bas, et ruminant leurs aliments embrasés. Ce sera un spectacle fort intéressant, je vous assure, quand ils entreverront votre figure. Mon père et toute sa cour n’éprouvent pas de plus grand plaisir que d’assister à pareille scène, quand il survient un étranger qui entreprend de les soumettre au joug pour parvenir ensuite, comme vous, au but avoué de leur ambition. C’est alors un jour de réjouissance publique pour la Colchide. Quant à moi je m’y divertis extrêmement. Vous ne pouvez vous figurer avec quelle rapidité un homme, dès qu’il est atteint de leur haleine enflammée, se trouve réduit en un tas de cendres noires.

— Etes-vous sûre, belle Médée, bien sûre que le baume contenu dans le coffret d’or guérit parfaitement ces terribles brûlures ?

— Si vous en doutez, si vous ressentez la moindre frayeur, vous auriez mieux fait de ne jamais voir le jour que d’avancer d’un pas vers ces animaux. »

Et elle le regardait fixement en prononçant ces mots.