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avis de leur arrivée, il fit aussitôt venir Jason à sa cour. La dureté et la barbarie se peignaient sur les traits de ce souverain. Bien qu’il affectât un air de politesse et d’hospitalité, sa figure ne séduisit pas plus le fils d’Éson que celle du méchant roi Pélias.

« Tu es le bienvenu, noble Jason, dit le roi Aétès. Dis-moi, est-ce un voyage d’agrément que tu as entrepris ? ou bien médites-tu la découverte d’un hémisphère inconnu ? Quel est donc le motif, je te prie, qui me procure le plaisir de te voir ?

— Grand prince, répliqua Jason avec respect (il tenait de Chiron la manière de se conduire convenablement dans la compagnie des rois comme dans celle des mendiants), je suis venu ici avec un projet que je vous demande la permission d’exécuter. Le roi Pélias, en possession du trône de mon père, auquel il n’a pas plus de droits qu’à celui de Votre Majesté, s’est engagé à en descendre et à m’abandonner son sceptre et sa couronne, pourvu que je lui rapporte la toison d’or. Cette précieuse dépouille est, comme vous le savez, suspendue à un arbre dans votre capitale. Vous me voyez, sire, sollicitant humblement de Votre Majesté l’autorisation de l’enlever. »

Malgré lui, le visage du roi se contracta de colère. De tous les trésors du monde c’était celui-là qu’il estimait le plus ; on le soupçonnait même d’un