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les premières années de leur enfance sous les ombrages du bois sacré au centre duquel se conservait attachée à un arbre la grande merveille du monde. Ils se rendaient alors en Grèce, dans l’espérance de reconquérir un royaume enlevé à leur père par trahison.

Aussitôt que les princes furent informés du dessein des Argonautes, ils leur offrirent de retourner et de les guider vers Colchos. Mais en même temps ils exprimèrent à Jason leurs doutes sur le succès de son entreprise. À les entendre, l’arbre auquel demeurait suspendue la précieuse toison était gardé par un terrible dragon, qui ne manquait jamais de dévorer d’une seule bouchée tous ceux qui s’aventuraient à sa portée.

« Il y a encore d’autres difficultés, poursuivirent les princes. Mais la première n’est-elle pas un obstacle suffisant ? Brave Jason, croyez-nous, retournez sur vos pas. Bientôt il sera trop tard. Notre cœur saigne à l’idée que vous et vos quarante-neuf compagnons vous soyez condamnés à être dévorés par cet exécrable dragon.

— Mes amis, reprit tranquillement Jason, je ne m’étonne point que vous trouviez ce monstre aussi épouvantable. Depuis votre plus tendre enfance vous avez reçu cette impression ; et aujourd’hui vous en êtes encore frappés de terreur, comme le sont les enfants que leur nourrice a bercés dans la