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Cet ordre fut exécuté à la lettre et avec ardeur, et le bruit fut si éclatant que les oiseaux commencèrent à se dissiper ; car, malgré une consommation considérable de plumes, il leur en restait encore assez pour les aider à se transporter au milieu des nuages, où ils disparurent comme une volée d’oies sauvages.

Orphée célébra cette victoire en entonnant un hymne triomphal avec accompagnement de harpe. Son chant modulait des mélodies si ravissantes que Jason crut prudent de le prier de cesser. En effet, les oiseaux aux plumes d’acier, qui avaient été chassés par un bruit désagréable, auraient bien pu être attirés de nouveau par une musique si harmonieuse.

Pendant le séjour passager des Argonautes sur cette île, ils virent un petit vaisseau cingler vers le rivage. Dans ce petit bâtiment se trouvaient deux jeunes hommes à la démarche princière, et doués de cette beauté qui caractérisait généralement, à cette époque, les enfants issus de sang royal. Or, vous imaginez-vous ce que pouvaient être ces deux voyageurs ? Eh bien ! si vous voulez me croire, c’étaient les fils de ce même Phrixus, qui, dans son enfance, avait été transporté en Colchide sur le dos du bélier à la toison d’or. Depuis cette époque, Phrixus s’était marié à la fille du roi ; et les deux jeunes princes nés de cette union, élevés à Colchos, avaient passé