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venablement. J’oserai dire à Votre Majesté que je crois que ce sont des nuages, dont l’aspect singulier rappelle celui de formes humaines.

— Je les vois comme je vous vois, observa Lyncée, dont la vue, vous le savez, franchissait les distances aussi bien qu’un télescope. C’est une bande d’immenses géants. Tous ont six bras, et chacune de leurs mains est armée d’un glaive, d’une massue et d’un autre instrument de guerre.

— Vous avez là d’excellents yeux, dit le roi Cyzicus. Eh bien, oui, c’est la vérité. Ce sont six géants armés comme vous l’annoncez, et voilà les terribles ennemis que moi et mes sujets nous avons à combattre. »

Le lendemain, comme les navigateurs se préparaient à mettre à la voile, ces terribles géants descendirent dans la mer, avec des pas de cent mètres de long, brandissant leurs six bras et prenant des airs de menace proportionnés à leur taille énorme. Chacun de ces êtres monstrueux était capable à lui seul de soutenir une guerre formidable, car avec un de ses bras il pouvait lancer des blocs de rocher d’une grosseur considérable, avec un autre frapper des coups de massue, avec un troisième manier un glaive, avec un quatrième charger l’ennemi à l’aide d’une longue lance. Quant au cinquième et au sixième, les géants s’en servaient pour bander un arc et décocher des traits. Heureusement, avec leur stature colossale