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avouer la vérité : peu de gens croyaient à des assertions tirées de si loin.

Eh bien ! quand les Argonautes (ainsi appela-t-on ces braves aventuriers) eurent accompli tous les préparatifs du voyage, une difficulté imprévue menaça d’en marquer le terme avant le début même. Le navire, vous le comprendrez facilement, était si long, si large et si pesant, que la force réunie des cinquante hommes fut impuissante pour le pousser à l’eau. Hercule, je suppose, n’avait pas encore atteint toute sa vigueur ; autrement il l’aurait mis à flot aussi aisément qu’un petit garçon lance son bateau sur une mare. Ils étaient là, ces héros fameux, poussant, se roidissant à faire éclater leurs muscles, et leurs efforts n’aboutissaient pas à faire avancer d’un pouce le navire l’Argo.

Enfin, tombant presque d’épuisement, ils s’assirent sur la plage, en proie au désespoir le plus violent. Ils se voyaient obligés de laisser pourrir et tomber en ruine leur vaisseau : il leur fallait tenter de traverser la mer à la nage, ou bien renoncer à leur conquête.

Soudain Jason se souvint de la statue attachée à la proue.

« Fille du Chêne parlant, s’écria-l-il, comment devons-nous nous y prendre pour mettre notre navire à flot ? — Tenez-vous assis, répondit l’image (car elle