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feuillage et s’éteignit graduellement. Quand le silence se fut rétabli, Jason se prit, pour ainsi dire, à douter s’il avait positivement entendu ces paroles, ou si son imagination ne s’était pas créé une trompeuse illusion.

Après quelques informations prises chez les habitants de Iolchos, il vérifia qu’il existait réellement dans la ville un homme nommé Argus, très habile constructeur de vaisseaux. L’arbre possédait donc une certaine intelligence : autrement, comment aurait-il connu l’existence de cet homme ? À la requête de Jason, Argus consentit à lui construire une galère assez grande pour contenir cinquante vigoureux rameurs, bien qu’on n’eût pas encore vu dans le monde un navire de cette puissance et de cette grandeur. Le maître charpentier, avec tous ses ouvriers et ses apprentis, se mit à l’ouvrage ; pendant longtemps une activité extraordinaire régna dans les chantiers ; nuit et jour la hache et le marteau retentirent bruyamment sur les pièces de bois. Enfin, le nouveau navire, nommé l’Argo, fut prêt à être lancé à la mer. Comme le Chêne parlant lui avait déjà donné de bons avis, Jason pensa qu’il n’était pas hors de propos de lui adresser de nouvelles questions. Il le visita une seconde fois ; et, s’étant placé près de son tronc gigantesque et séculaire, il l’interrogea sur ce qui lui restait à faire.