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Mais demande-moi ce que tu voudras, et j’y répondrai de mon mieux. »

Alors le roi chercha dans sa malice à lui tendre un piège et à lui arracher quelque parole qui servît plus tard à le perdre. Puis, avec un sourire plein de ruse et de méchanceté, il ajouta :

« Que ferais-tu, brave Jason, s’il existait dans le monde un homme que tu aurais des raisons de croire décidé à te faire périr ? Que ferais-tu, je le répète, si cet homme était en ta présence et dans ton pouvoir ? »

Jason fut convaincu, à l’expression de cruauté que Pélias ne pouvait cacher dans son regard, qu’il avait deviné le but de son voyage, et voulait se servir de sa propre réponse pour la tourner contre lui. Il lui répugnait de déguiser sa pensée. En prince loyal et franc, il résolut de dire la vérité tout entière. Puisque le roi lui avait posé cette question, et que lui, de son côté, s’était engagé à lui répondre, il se trouvait forcé de lui déclarer ce qu’il pensait le plus prudent d’exécuter si son plus cruel ennemi tombait entre ses mains.

Après un moment de réflexion, et d’une voix ferme et mâle :

« J’enverrais un tel homme, dit-il, à la conquête de la Toison d’or. »

Vous saurez que cette entreprise était la plus difficile et la plus périlleuse du monde. D’abord il fal-