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routes où il pourrait les rencontrer. Le troisième jour, il fit respectueusement ses adieux à son aïeul, en le remerciant de tous ses soins affectueux. Après avoir embrassé avec effusion sa mère, dont les larmes inondaient les joues, il s’arracha de ses bras et partit. Il faut bien le dire aussi, à ces larmes maternelles se mêlèrent celles qui coulèrent abondamment des yeux du jeune homme. Mais le vent et le soleil les eurent bientôt séchées. Il marchait d’un air assuré, jouant avec la poignée d’or de son glaive, et s’éloignait bravement et à grands pas avec les fameuses sandales.

Je ne peux interrompre mon récit pour vous décrire toutes les aventures arrivées à notre héros pendant son voyage jusqu’à Athènes. Qu’il vous suffise de savoir qu’il débarrassa toutes les contrées qu’il traversait des brigands dont s’était tant alarmé le roi Pitthée. Un de ces scélérats s’appelait Procuste. Son nom seul répandait la terreur, car il prenait plaisir à infliger des tourments horribles aux malheureux voyageurs qui tombaient en son pouvoir. Il avait dans sa caverne un lit sur lequel, en affectant une hospitalité empressée, il priait ses hôtes de se coucher. S’il arrivait que le lit fût plus long que leur corps, ce monstre les y étendait et allongeait de force leurs membres. S’ils étaient plus grands que le lit, il leur tranchait la tête ou les pieds, et riait de ce qu’il avait fait comme d’une excellente plai-