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naturellement hardi et d’une âme fortement trempée, il reprit aussitôt courage, et commença par considérer de quelle façon il pourrait se débarrasser de cet importun chaussé d’une seule sandale.

« Mon brave jeune homme, dit-il en affectant le ton le plus doux possible, afin de ne pas éveiller la défiance de Jason, tu es le bienvenu dans mes États. Si j’en juge par ton costume, tu dois arriver de pays lointains ; car, dans cette partie du globe, l’usage n’est pas de porter des peaux de léopard. Quel est ton nom, je te prie, et où as-tu été élevé ?

— Mon nom est Jason. Depuis ma tendre enfance j’ai habité la caverne du centaure Chiron. C’est lui qui a été chargé de mon éducation ; c’est de lui que j’ai appris à jouer de la harpe, à diriger un cheval, à soigner les blessures, et enfin à manier les armes avec art !

— J’ai entendu parler de Chiron comme d’un maître habile, reprit Pélias, ainsi que de l’érudition et de la sagesse qui le distinguent. Je sais que c’est une tête pleine de science, bien que placée sur un corps de cheval. J’éprouve un bien grand plaisir à recevoir à ma cour un de ses disciples. En témoignage des savantes leçons dont tu as certainement profité, permets-moi de t’adresser une simple question.

— Je n’ai pas la prétention de posséder des connaissances bien profondes, dit le jeune homme.