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Le pauvre Jason se sentait grandement décontenancé et concluait que les habitants de Iolchos devaient être bien mal élevés pour critiquer ainsi publiquement ce qui, par suite d’un accident, manquait à son costume.

Cependant, soit que la foule le poussât en avant, soit que lui-même, de son propre mouvement, se fût frayé un passage à travers le flot populaire, il advint qu’il se trouva tout près de l’autel fumant où le roi Pélias allait sacrifier le taureau noir. La foule, surprise à la vue de l’étranger au pied déchaussé, faisait entendre un tel murmure que la solennité de la cérémonie en fut troublée. Le roi, avec son grand couteau à la main, au moment de l’enfoncer dans la gorge du taureau, se détourna fort irrité et arrêta son regard sur Jason. Le peuple s’était alors pressé autour du sacrificateur, de façon que le jeune homme se tenait isolé près de l’autel, face à face avec Pélias en courroux.

« Qui es-tu ? cria le roi d’un air terrible, et comment oses-tu, téméraire, occasionner ce trouble, au moment où je fais offrande d’un taureau noir à mon père Neptune ?

Il n’y a nullement de ma faute dans ce désordre. Votre Majesté doit blâmer plutôt la grossièreté de ses sujets qui ont causé le tumulte dont elle se plaint, parce qu’une de mes sandales me manque par hasard. »