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que nous a convoqués en grande assemblée pour nous faire assister au sacrifice d’un taureau noir en l’honneur de Neptune, qui, dit-on, a donné le jour à Sa Majesté. Voilà le roi là-bas, où vous voyez la fumée s’élever de l’autel. »

L’homme qui parlait ainsi à l’inconnu le considéra avec une vive curiosité ; car le costume de ce dernier ne ressemblait en rien à celui des habitants du pays. C’était pour lui un spectacle tout nouveau qu’un jeune garçon revêtu d’une peau de léopard et armé d’une lance dans chacune de ses mains. Jason s’aperçut aussi que son interlocuteur regardait ses pieds avec une attention toute particulière. Vous vous souvenez, n’est-ce pas, qu’il en avait un déchaussé et l’autre orné de la sandale aux courroies d’or de son père

« Regardez-le ! Regardez-le donc ! dit l’homme à son voisin. Voyez-vous ? Il ne porte qu’une sandale ! » À ce propos, d’abord un individu, puis un autre, commença à l’examiner, et chacun fut frappé de sa tenue particulière, bien que les yeux se tournas sent beaucoup plus souvent vers ses pieds que vers toute autre partie de sa personne. Il entendait autour de lui une foule de voix chuchoter :

« Une sandale ! une seule sandale ! » Et toujours : « L’homme à une sandale ! Le voici enfin arrivé ! D’où vient-il ? que va-t-il faire ? Qu’est-ce que le roi va dire à l’homme à une-seule sandale ? »