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surprise, car il ignorait qu’il y eût quelqu’un aussi près de lui. En se retournant il aperçut une vieille femme, enveloppée dans un manteau déguenillé, et s’appuyant sur un bâton dont l’extrémité supérieure était taillée en forme de coucou. Elle paraissait d’une extrême vieillesse, toute ridée et infirme. Ses yeux cependant, de la couleur de ceux d’un bœuf, étaient d’une beauté et d’une grandeur si remarquables, qu’une fois qu’ils se furent fixés sur le jeune homme, celui-ci ne put en détacher ses regards. La vieille femme tenait à la main une grenade, bien que la saison de ce fruit fût depuis longtemps passée.

« Où vas-tu, Jason ? » lui demanda-t-elle en l’appelant par son nom. »

Vous vous étonnez peut-être qu’elle le sût ; mais ces grands yeux bruns semblaient tout connaître, le passé et l’avenir. Tandis que Jason la regardait fixement, il vit s’avancer fièrement un paon qui se plaça à côté d’elle.

« Je me rends à Iolchos, répondit le voyageur, pour ordonner au méchant roi Pélias de descendre du trône de mon père, et pour régner moi-même à sa place.

— Ah bien ! alors, reprit la vieille avec la même voix chevrotante, si tels sont tes projets, tu n’as pas besoin de te presser tant. Tiens, sois un bon jeune homme, prends-moi sur ton dos, et porte-moi de