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montrait un endroit où il s’imaginait que le mouvement de la pierre avait déraciné la tige d’une fleur. Éthra se prenait à soupirer et devenait toute mélancolique : car, elle ne se le dissimulait plus, son fils avait cessé d’être un enfant ; bientôt elle allait le voir s’éloigner et s’exposer aux périls du monde.

Une année s’était à peine écoulée depuis ces premières et tristes réflexions. La mère et l’enfant se retrouvaient assis sur la pierre couverte de mousse. Éthra lui redit l’histoire de son père, tant de fois déjà racontée ; elle lui répétait avec quel bonheur Égée l’accueillerait dans son palais, comme il se ferait gloire de le présenter à ses courtisans et à son peuple, et de le proclamer, en leur présence, l’héritier de son empire. À ces mots, le plus vif enthousiasme éclata dans les regards de Thésée, qui put à peine demeurer en place, tant sa joie était grande.

« Ma chère mère, s’écria-t-il, je ne me suis jamais senti si fort ! Je ne suis plus un enfant ! Je suis un homme ! Le temps est venu de faire un suprême effort pour soulever la pierre.

— Mon cher Thésée ! attends ; non, pas encore !

— Mère, il le faut ; oui, je vous le dis, le moment est arrivé ! »

Thésée se prépara à renouveler ses tentatives. Tout ce qu’il avait de courage dans le cœur fut résolûment mis à l’œuvre. Il étreignit, de ses bras