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dent à eux de prendre la fuite sans pousser plus loin leurs investigations.

À mesure que les deux voyageuses s’avançaient dans leur effrayant appareil, une idée frappait de plus en plus Cérès.

« Il y a une personne, s’écria-t-elle, qui doit avoir vu ma pauvre enfant, et qui peut certainement m’apprendre ce qu’elle est devenue. Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ! c’est Phébus.

— Quoi ! reprit Hécate, ce jeune homme qui siège constamment entouré d’une atmosphère lumineuse ? Ah ! je t’en prie, loin de toi une pareille pensée ! C’est un personnage joyeux, léger, frivole, qui sera disposé seulement à sourire en ta présence. En outre, il est couronné d’une lumière si resplendissante, que son aspect seul suffira pour m’aveugler, moi dont les yeux se sont déjà presque éteints à force de pleurer.

Tu m’as promis d’être ma compagne, reprit Cérès. Viens, hâtons-nous, ou les rayons du soleil vont disparaître, et Phébus avec eux. »

Elles continuèrent leur route, se dirigeant vers la demeure du maître du jour, toutes deux poussant de profonds soupirs, et Hécate, particulièrement, se livrant à des lamentations beaucoup plus violentes. En effet, elle n’avait pas de plus grand bonheur, comme vous savez, que de s’abîmer dans sa propre tristesse ; aussi fit-elle tout son possible