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les parois de cette horrible retraite. Déterminée à ne laisser rien passer sans un examen attentif, Cérès résolut d’y pénétrer. Elle jeta d’abord un regard à l’entrée de cette caverne et l’éclaira un peu en portant en avant la flamme de sa torche. De cette façon elle put distinguer une forme de femme, inclinée sur un monceau de feuilles mortes de l’automne précédent, que le vent y avait engouffrées. Cette femme, si toutefois elle méritait ce nom, était loin d’avoir la beauté ordinaire de son sexe. Sa tête, ai-je appris, ressemblait fort à celle d’un chien, et en guise d’ornement était entourée d’une couronne de serpents. Au premier coup d’œil, Cérès devina clairement qu’elle allait se trouver en présence d’une personne bizarre, qui concentrait toutes ses pensées sur sa propre misère et n’aimait à entretenir les autres de leurs douleurs que pour les comparer à celles où elle se complaisait elle-même.

« Je suis assez infortunée maintenant, pensa ce pauvre cœur déchiré, pour adresser la parole à cette malheureuse Hécate, fut-elle dix fois plus triste que jamais. »

Elle avança dans la caverne et s’assit sur le tas de feuilles sèches, à côté de la femme à la tête de chien. Depuis la perte de sa fille, elle n’avait pas encore trouvé d’autre compagne.

« Ô Hécate, dit-elle, si jamais tu perds ta fille,