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insensés ! Il leur fallut un temps infini pour rapporter des détails futiles et ennuyeux, de façon qu’il était déjà nuit quand la pauvre mère conclut qu’elle devait diriger ses recherches ailleurs. Elle alluma une torche et se mit en route, déterminée à ne revenir qu’après avoir retrouvé sa fille.

Dans son empressement et son agitation, elle oublia son char et son attelage de dragons ailés ; ou bien pensait-elle peut-être qu’elle serait plus à même de prendre des renseignements en allant à pied. À tous événements, ce fut ainsi qu’elle commença son triste voyage, portant sa torche et examinant scrupuleusement ce qu’elle rencontrait sur son chemin. Il n’y avait pas longtemps qu’elle marchait, quand elle découvrit une des fleurs magnifiques détachées du pied de rosier que Proserpine avait déraciné.

Hélas ! pensa-t-elle en l’examinant à la lueur de sa torche, il y a ici une trahison ! La terre n’a pas produit cette fleur à l’aide des sels fécondants de son sein. C’est contre son gré qu’elle a germé. C’est l’œuvre d’un enchantement. Qui sait si elle ne renferme pas des sucs mortels, et si peut-être mon enfant n’est pas empoisonnée ? »

Malgré cela elle serra la fleur dans un pli de sa robe, sans savoir si elle pourrait trouver d’autres traces plus certaines.

Toute la nuit Cérès frappa à la porte de chaque