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passaient leurs quatre têtes au-dessus des flots pour guetter le retour de leur jeune amie. À la vue de Cérès, elles se posèrent sur la crète d’une vague et se laissèrent pousser au rivage.

« Où est Proserpine ? Où est mon enfant ? Méchantes nymphes, l’avez-vous donc entraînée sous les flots ?

— Oh ! non, croyez-nous, répliquèrent ces innocentes créatures, en rejetant en arrière leurs vertes chevelures, et regardant Cérès en face. Une pareille pensée ne nous serait jamais venue. Proserpine a commencé à jouer avec nous, il est vrai ; mais elle nous a quittées, il y a déjà longtemps, pour aller cueillir des fleurs à quelque distance. C’était dans la matinée, et nous ne l’avons plus revue. »

Cérès n’attendit pas la fin de leur récit, et courut dans le voisinage chercher des informations, mais personne ne put rien lui dire qui calmât son inquiétude. Un pêcheur avait remarqué des traces de pas sur le sable, en retournant chez lui le long de la grève avec un panier de poisson ; un villageois avait vu une petite fille se baisser dans les champs à plusieurs reprises ; quelques-uns racontaient qu’ils avaient été étonnés d’entendre un roulement de chariot, d’autres le bruit du tonnerre ; une vieille femme s’était émue d’un cri perçant ; mais supposant que c’était quelque jeu d’enfant, elle n’avait pas même pris la peine de lever les yeux… Les