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— Est-ce encore bien loin ? demanda Proserpine ; et voudrez-vous me ramener à la maison, quand une fois j’aurai contemplé votre palais ?

— Nous reparlerons de cela tout à l’heure. Voici l’entrée de mes domaines. Voyez-vous cette grande barrière devant nous ? Quand nous l’aurons passée, nous serons arrivés. Vous allez voir mon fidèle chien de garde à la porte. Cerbère ! Cerbère ! viens ici, viens ! »

En disant ces mots, Pluton tira les rênes et arrêta le char entre les piliers de l’entrée. L’animal que son maître venait d’appeler se leva du seuil de la porte en se tenant sur ses jambes de derrière, de manière à poser ses pattes de devant sur une des roues du char. Mais, grands dieux ! quelle bête étrange ! C’était un monstre énorme, hideux, avec trois têtes séparées, dont chacune était plus horrible à voir que les deux autres ; cependant, malgré leur aspect féroce, le souverain de ces lieux les caressa de la main. Il paraissait affectionner ce chien à trois têtes autant que si c’eût été un gracieux petit épagneul aux poils frisés et aux oreilles soyeuses. Cerbère, d’un autre côté, montra une joie évidente à la vue de son maître et exprima son attachement, comme les autres chiens, en remuant la queue avec vivacité. L’attention de Proserpine étant attirée par ces mouvements répétés, elle s’aperçut que cette queue n’était rien moins qu’un dragon vivant, avec