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pine remarqua sur le feuillage des arbustes qui les portaient, et sur les pétales des fleurs elles-mêmes, une teinte luisante et vitrée qui fit presque soupçonner à l’enfant l’existence de quelque substance vénéneuse. Quoi que ce pût être, et malgré la folie de cette réflexion, elle se sentit disposée à ne pas approcher davantage et même à s’enfuir.

« Insensée que je sui ! pensa-t-elle en prenant courage. Ce sont vraiment les plus beaux rosiers que la terre ait jamais produits. Je vais en déraciner quelques-uns, les apporter à la maison et les planter dans le jardin de ma mère. »

Tenant avec la main gauche son tablier rempli de tout ce qu’elle avait déjà cueilli, la petite ambitieuse saisit la branche la plus forte de l’autre main, et tira, tira tant qu’elle put ; mais son effort n’aboutit même pas à ébranler le sol où s’attachaient les racines. Quel arbuste profondément fixé en terre c’était là ! S’étant de nouveau cramponnée avec résolution, elle observa que le terrain commençait à se soulever et à craquer à quelque distance, autour de la tige rebelle. Elle redoubla de vigueur, mais s’arrêta aussitôt, croyant entendre sous ses pieds un bruit sourd et profond. Les racines s’étendaient-elles jusqu’à quelque caverne enchantée ?… Riant elle-même d’une idée aussi dépourvue de bon sens, elle fait un dernier effort, et voilà le pied déraciné. Triomphante, elle se relève en tenant son trophée,