Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est enchantée ? La magicienne qui habite ce palais de marbre là-bas se nomme Circé ; c’est la sœur du roi Aétès. Au moyen de ses charmes irrésistibles, elle fait prendre aux êtres humains la forme des bêtes ou des oiseaux dont ils ont les penchants.

— Ce petit oiseau qui volait au-devant de moi sur le bord de la falaise était donc jadis un être humain ?

— Précisément. C’était autrefois un roi nommé Ficus, et un roi doué d’assez bonnes qualités ; son seul défaut était un peu trop d’orgueil pour sa robe de pourpre, pour sa couronne et pour la chaîne d’or qui entourait son cou. Aussi fut-il métamorphosé en oiseau à plumage de brillantes couleurs. Les lions, les loups, les tigres qui ne vont pas manquer de venir à ta rencontre devant le palais, étaient des hommes durs et cruels, dont les instincts ressemblaient à ceux des bêtes féroces que je viens de te nommer ; ils en ont reçu la forme, comme la justice l’exigeait.

— Et mes infortunés compagnons, reprit Ulysse, ont subi sans doute une semblable transformation par les enchantements détestables de cette Circé ?

— Tu sauras quels gourmands ils étaient, répliqua Vif-Argent ; et, malin comme vous le connaissez, il ne put s’empêcher de rire de sa plaisanterie. Oui, mon ami, tu ne seras pas surpris d’apprendre qu’ils ont tous pris la forme de pourceaux. Supposé