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« Hélas ! s’écria-t-il, je crains bien que nous ne les revoyions jamais. »

Il raconta alors à Ulysse ce qui était arrivé, en lui donnant tous les détails qui étaient venus à sa connaissance, et ajouta qu’il soupçonnait fortement la séduisante dame du château d’être une abominable enchanteresse, et le château de marbre lui-même, avec ses magnificences, d’être en réalité une horrible caverne. Quant à ses compagnons, il ne pouvait imaginer ce qu’ils étaient devenus. Ils avaient probablement été livrés à la voracité d’un troupeau de pourceaux. À cette nouvelle, les guerriers qui étaient restés furent glacés d’épouvante. Ulysse, sans perdre une minute, ceignit son épée, posa sur ses épaules son arc et son carquois, et arma sa main droite d’un javelot. En voyant leur chef, réputé pour sa sagesse, l’aire de tels préparatifs, ses soldats lui demandèrent où il allait, et le supplièrent à mains jointes de ne pas les abandonner.

« Vous êtes notre roi, s’écrièrent-ils, et plus encore, vous êtes l’homme le plus prudent du monde entier. Rien ne peut nous sauver du danger, excepté votre prudence et votre courage. Si vous nous abandonnez pour vous rendre au palais enchanté, vous subirez la même destinée que nos infortunés camarades, et nul de nous ne reverra jamais notre chère Ithaque.