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« Cet oiseau ennuyeux et impertinent, cria le barbare, serait un morceau assez friand pour ouvrir l’appétit, une bouchée qui fondrait agréablement sous les dents. S’il vient à ma portée, je l’attrape et je le donne au cuisinier du palais pour le faire rôtir à la brochette. »

Il finissait à peine de prononcer ces cruelles paroles, que l’oiseau au plumage de pourpre s’envola à tire-d’aile en criant : « Pih… pîh… pîh… houip ! » avec une expression plus douloureuse que jamais.

« Cet oiseau, observa Eurylochus, en sait plus que nous sur ce qui nous attend au palais.

— Marchons ! s’écrièrent ses compagnons ; nous en saurons bientôt autant que lui ! »

Et ils s’avancèrent résolûment à travers les frais ombrages du bois. À chaque pas, le palais leur apparaissait plus distinctement et sous un aspect de plus en plus enchanteur. Ils entrèrent bientôt dans un large sentier proprement entretenu, et qui formait de nombreux détours. Les arbres verdoyants et touffus n’y répandaient pas cependant une ombre assez épaisse pour ne pas laisser passer à travers le feuillage tremblant quelques rayons de soleil qui se transformaient en milliers de petits disques brillants éparpillés sur le sol. Les bords du sentier étaient aussi émaillés d’une multitude de fleurs odoriférantes, toutes inconnues de nos voyageurs.