Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme personne ne forma opposition à ce projet, on fit le dénombrement de l’équipage : il y avait là un total de quarante-six hommes, y compris leur chef. Celui-ci fit passer d’un côté vingt-deux de ses compagnons, et mit à leur tête Eurylochus, un de ses premiers lieutenants, dont la sagacité n’était dépassée que par la sienne propre. Quant aux vingt-deux autres, il s’en réserva le commandement en personne. Puis, ôtant son casque, il y mit deux coquilles sur l’une desquelles était écrit le mot aller, et sur la seconde, rester. Un des hommes tint le casque. Ulysse et Eurylochus tirèrent chacun une coquille. Celle qui portait le mot aller échut à ce brave officier. De cette façon il demeura décidé qu’Ulysse et ses vingt-deux camarades camperaient au bord de la mer, tandis que l’autre moitié de la bande irait s’assurer du traitement qui attendait les naufragés dans le palais mystérieux. Il n’y avait plus moyen de reculer. Eurylochus se mit en marche à la tête de ses vingt-deux soldats, qui partirent dans des dispositions d’esprit mélancoliques, laissant leurs amis aussi peu rassurés qu’eux-mêmes.

Ils n’eurent pas plus tôt franchi le sommet de la falaise, qu’ils distinguèrent les créneaux de marbre du château, s’élevant, blancs comme la neige, au-dessus des bosquets environnants. D’une cheminée, placée à l’arrière de l’édifice, s’échappait une