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n’aurait pas été bien grand d’entendre un messager ailé de cette espèce lui parler aussi clairement que lui-même.

« Pîh ! pîh ! pîh ! Pih… houip ! » telle fut la réponse qui se renouvela toujours et toujours, avec une cadence des plus tristes. Chaque fois qu’Ulysse avançait d’un pas, l’oiseau témoignait les mêmes alarmes, battait des ailes, s’agitait d’une manière inquiète pour le faire reculer. Il n’en fallait pas davantage pour amener un esprit pénétrant à conclure qu’il y avait là quelque imminent danger. Ce danger devait être terrible ; ceci ne faisait point l’ombre d’un doute, puisque un avertissement aussi plein de sollicitude venait d’une si petite créature. Le prince résolut donc, pour le moment, de retourner au vaisseau, et de dire à ses compagnons ce qu’il avait vu.

Aussitôt qu’Ulysse rebroussa chemin, l’oiseau se calma et parut satisfait. Il alla se poser sur un tronc d’arbre et, avec son bec long et aigu, se mit à picoter les insectes qui se trouvaient sur l’écorce. Car il faut que vous sachiez que c’était une espèce de pivert, et qu’il avait à chercher sa vie comme les autres membres de cette famille de chasseurs ailés, Tout en becquetant l’écorce de l’arbre, celui-ci, préoccupé probablement de quelque triste et secrète pensée, répétait encore sa note plaintive : « Pîh !… pîh… houip ! »