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la tête du reptile, il fit une récolte de dents assez considérable pour en remplir un boisseau ou deux. Il n’avait plus qu’à les planter. Ce n’était pas là le moins pénible de sa tâche : car, exténué déjà de fatigue après avoir tué le dragon et dépecé son crâne entier, il ne possédait, à ma connaissance, aucun instrument pour creuser la terre, excepté la lame de son glaive. Qu’il vous suffise de savoir qu’une large pièce de terre fut bientôt labourée, et reçut cette semence d’une nouvelle espèce ; il restait au moins la moitié des dents du monstre à planter pour un autre jour.

Cadmus, hors d’haleine, put enfin se reposer de son travail, et s’appuya sur son arme, en se demandant ce qui allait arriver. Il n’attendit pas longtemps. Le spectacle le plus extraordinaire, le prodige le plus incroyable dont je vous aie jamais parlé, s’offrit alors à sa vue.

Les rayons du soleil tombaient obliquement sur le champ nouvellement ensemencé. Rien d’extraordinaire ne se faisait remarquer sur la surface du sol. Tout à coup, Cadmus s’imagine voir briller quelque chose, d’abord sur un point, puis sur un autre, ensuite à des centaines et à des milliers d’endroits. Bientôt il s’aperçoit que ce sont autant d’extrémités de fers de lances qui surgissent du terrain comme des tiges de froment, et poussent à vue d’œil. Puis ce sont des pointes d’épées bril-