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« Oh ! ma gentille bête, s’écria t-il alors, ne veux-tu donc jamais t’arrêter ? »

Il l’avait suivie depuis trop longtemps et avec trop de constance pour songer à l’abandonner, quelle que pût être sa lassitude. Il y avait du reste en elle un je ne sais quoi qui tenait de l’enchantement. Plusieurs personnes qui se trouvèrent par hasard, comme Cadmus, sur la même route, se mirent machinalement à marcher dans cette direction. Cadmus, ravi de rencontrer des voyageurs avec qui il pût s’entretenir familièrement, profita avec bonheur de cette occasion. Il leur raconta toutes ses aventures. Il dit comment il avait quitté le roi Agénor dans son palais ; de quelle manière il avait laissé Phénix dans telle contrée, Cilix dans telle autre, et Thasus à une grande distance des deux premiers. Puis il finit par faire le récit de la mort de la reine Téléphassa, dont il avait déposé les restes bienaimés dans une terre couverte de fleurs, ajoutant que maintenant il se trouvait tout seul, sans amis et sans patrie. Il ne tarda pas de rapporter que l’oracle lui avait ordonné de se laisser guider par une vache, et s’enquit auprès des étrangers s’ils ne supposaient pas que ce pût être celle dont ils suivaient la trace ensemble. « Vraiment, c’est une chose dont je ne puis revenir, répondit l’un de ses compagnons de voyage. Je n’ai jamais vu une bête de cette espèce marcher aussi longtemps sans se reposer.