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frais et tendre, elle en tondait une ou deux touffes. Un petit ruisseau se trouvait-il sur son passage, elle y buvait, soufflait librement, y trempait de nouveau le bout des lèvres, et se remettait en marche, réglant toujours son allure sur celle de Cadmus.

« Je crois en vérité, pensa celui-ci, que voilà la vache dont la rencontre m’a été prédite. Si c’est elle, en effet, elle va probablement se coucher quelque part. »

En tout cas, il n’était pas vraisemblable qu’elle dût prolonger bien longtemps son voyage. S’ils arrivaient à un point d’une apparence agréable, sur un coteau bien aéré, dans une fraîche vallée, sur les bords d’un lac tranquille, ou près d’un courant d’eau limpide, Cadmus s’empressait de jeter un coup d’œil autour de lui pour s’assurer si la situation pouvait lui convenir. Mais, que l’emplacement fût ou non de son goût, la vache à peau mouchetée ne se décidait jamais à se coucher. C’était toujours le même pas régulier d’une vache qui retourne à la ferme ; et à chaque instant Cadmus s’attendait à voir paraître une laitière avec son seau pour la traire, ou un berger armé d’une gaule pour contraindre de rentrer au pâturage la bête séparée du troupeau. Mais de laitière, de berger, point ; et Cadmus continua à suivre la trace de Brunette jusqu’au moment où il se sentit près de tomber de fatigue et d’ennui.