Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Oracle sacré de Delphes, dit-il, où dois-je désormais porter mes pas pour chercher ma chère sœur Europe ? »

Il y eut d’abord un silence profond, puis un bruit confus et lointain, assez semblable à un long soupir exhalé des profondeurs de la terre. Cette sorte de caverne, vous devez le savoir, était regardée comme le sanctuaire de la vérité, d’où s’échappaient parfois des paroles claires et distinctes. Le plus souvent, pourtant, ces paroles étaient si énigmatiques qu’elles auraient aussi bien pu rester au fond des entrailles terrestres. Mais Cadmus fut plus heureux qu’un grand nombre de ceux qui s’étaient rendus à Delphes pour consulter l’oracle. Peu à peu, la vibration sonore commença à se faire entendre comme un son articulé. La phrase suivante fut répétée tant et tant de fois, qu’elle finit par produire sur Cadmus l’impression d’un vague sifflement dans l’air, et qu’il ne sut plus si elle avait ou non une signification :

« Ne la cherche plus ! Ne la cherche plus ! Ne la cherche plus !

— Qu’ai-je donc à faire ? » demanda Cadmus.

En effet, depuis sa plus tendre enfance, toute sa vie s’était passée à chercher une sœur chérie. Depuis le moment où il avait renoncé à chasser le papillon de la prairie, près du palais de son père, tous ses efforts avaient été employés à poursuivre Europe