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Delphes, selon les conseils de Téléphassa. En suivant la route qui y conduisait, il demanda encore aux gens qu’il rencontrait, s’ils avaient aperçu Europe ; il reçut différentes réponses : un marin lui affirma qu’il avait entendu parler à une époque déjà éloignée, et dans un pays fort lointain, d’une certaine histoire de taureau blanc. Cet animal avait été vu traversant la mer à la nage, et emportant sur son dos une enfant couronnée de fleurs flétries par l’écume des vagues. Il ne savait pas ce qu’étaient ensuite devenus le taureau et l’enfant. Cadmus, surprenant un coup d’œil malicieux du narrateur, soupçonna qu’il cherchait à se moquer de lui, et qu’il n’avait en réalité jamais rien entendu raconter sur ce sujet.

Le pauvre Cadmus trouvait son voyage solitaire bien plus pénible que lorsqu’il avait à soutenir les pas de sa mère bien-aimée. Son propre cœur lui semblait si lourd, vous comprendrez cela, qu’il trouvait parfois au-dessus de ses forces de le porter plus loin. Mais ses membres avaient acquis par l’exercice un développement et une activité remarquables. Tout en marchant avec agilité, il pensait au roi Agénor, à la reine Téléphassa, à ses frères, à son ami Thasus, qu’il avait tous laissés derrière lui, l’un ici, l’autre un peu plus loin. Quant à les revoir, la possibilité ne lui en venait point à l’esprit. Un jour qu’il était plein de ces souvenirs, il arriva